Partage de la valeur : Stabilité, avantage aux salariés et poids de l’État
Sujet récurrent du débat public, la répartition des richesses créées par les entreprises fait souvent l’objet d’idées reçues.
Pour objectiver la situation, la direction Économie du MEDEF a mis à jour son état des lieux en novembre 2025.
Verdict ? Une stabilité historique depuis 35 ans , un partage nettement favorable aux salariés comparé à nos voisins européens , et un « convive » très gourmand : l’État.
Une stabilité historique et un avantage aux salariés
Contrairement aux idées reçues, la répartition de la valeur ajoutée entre le travail et le capital n’a pas basculé au détriment des salariés. Elle se caractérise au contraire par une grande stabilité depuis les années 1980.
Mieux encore, la France se distingue par un partage particulièrement favorable au facteur travail.
La part de la valeur ajoutée consacrée aux salaires est nettement plus élevée chez nous que chez nos voisins:
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France : 68% de la valeur ajoutée.
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Allemagne : 60%.
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Moyenne Zone Euro : 59%.
Pour 100€ de richesse créée, où va l’argent ?
Pour bien comprendre la mécanique, prenons l’exemple d’une Société Non Financière (SNF) en 2024. Sur 100 euros de valeur ajoutée brute générée, voici la répartition réelle:
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68 € servent à rémunérer le travail (salaires nets + cotisations salariales + CSG/CRDS).
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20 € sont réinvestis dans l’entreprise ou gardés en fonds de roulement.
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4 € remboursent les intérêts et loyers.
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4 € partent en impôts, nets de subventions (hors cotisations).
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3 € seulement sont distribués aux actionnaires sous forme de dividendes.
L’État : le deuxième bénéficiaire réel
C’est l’enseignement majeur de cette note : le poids de la fiscalité est une composante structurante du partage.
Si l’on additionne les cotisations sociales, la CSG/CRDS et les impôts de production, l’État capte une part massive de la richesse produite.
Les prélèvements obligatoires représentent 43% du PIB en 2024, et c’est la valeur ajoutée des entreprises qui en est la principale contributrice.
En réalité, une fois les charges payées, les entreprises ne versent que 3% de la richesse qu’elles créent à leurs actionnaires.
Le mythe des dividendes explosifs
Les chiffres 2024 remettent les pendules à l’heure concernant la rémunération du capital. Avec seulement 3% de la valeur ajoutée distribuée en dividendes, la part réservée aux actionnaires reste marginale.
De plus, le rendement du capital productif en France est particulièrement faible et décroissant depuis le début des années 2000, là où il est stable ou croissant chez nos voisins comme les Pays-Bas.
Zoom sur la Prime de Partage de la Valeur (PPV)
L’année 2024 marque un tournant pour la PPV. Si le montant moyen versé a augmenté (905 € par salarié contre 885 € en 2023) , le nombre de bénéficiaires a chuté (3,8 millions contre 5,9 millions en 2023).
Cette baisse mécanique s’explique par la dégradation du traitement fiscal : depuis le 1er janvier 2024, l’exonération de CSG-CRDS et d’impôt sur le revenu a été limitée aux seules entreprises de moins de 50 salariés.