La France réclame une action européenne contre Shein
Face à la vente d’objets illégaux sur Shein, la France intensifie la pression sur l’Union européenne. Dans une lettre adressée à Henna Virkkunen, vice-présidente chargée de la souveraineté technologique, les ministres Roland Lescure et Anne Le Hénanff ont demandé des mesures rapides, y compris des sanctions provisoires, et la conduite d’investigations approfondies.
La Commission européenne a répondu qu’elle partageait les inquiétudes françaises et prenait l’affaire « très au sérieux ». Thomas Regnier, porte-parole de la Commission, a rappelé que la vente de contenus pornographiques ou d’armes en ligne ne respectait ni les normes ni les lois européennes.
Polémique autour des produits proposés par Shein
Shein a récemment ouvert son premier magasin physique à Paris, au BHV, alors que la plateforme est sous le feu des critiques pour certains produits mis en vente. Un rapport transmis au parquet a révélé la commercialisation de machettes, poings américains et poupées sexuelles à caractère pédopornographique. En réaction, Shein a temporairement suspendu les ventes de vendeurs tiers pour examiner l’ensemble des produits proposés (Les Echos).
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a salué ces initiatives tout en appelant à une action européenne plus large. Selon lui, la plateforme enfreint clairement les règles de l’UE et la Commission doit appliquer des sanctions pour garantir le respect du droit européen.
Les sanctions potentielles au titre du Digital Services Act
La France s’appuie sur le Digital Services Act (DSA), qui permet à l’UE d’infliger des amendes jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial des grandes plateformes et de suspendre leurs activités si nécessaire. La démarche française est soutenue par plus de 40 eurodéputés, qui réclament la suspension de plateformes « complices de pédocriminalité » tant qu’elles ne se conforment pas aux lois (Les Echos).
Au-delà de la sécurité publique, l’enjeu économique est également évoqué. Jean-Noël Barrot a alerté sur l’impact des magasins Shein sur le commerce local, mettant en garde contre la disparition progressive des petits commerces si aucune mesure n’est prise. La mobilisation européenne est ainsi présentée comme nécessaire pour protéger l’économie et le tissu social français.
Shein se trouve désormais au centre d’un bras de fer politique et réglementaire qui pourrait redéfinir le contrôle des grandes plateformes de commerce en ligne dans l’Union européenne.