La semaine du 17 mars 2025 a été marquée par une incertitude grandissante aux États-Unis, notamment en raison des décisions de la Réserve fédérale (Fed) et des tensions liées aux droits de douane imposés sur certains produits européens. Retour sur les points clés de l’actualité économique.
La Fed maintient ses taux mais revoit ses prévisions
Lors de sa dernière réunion, la Fed a choisi de ne pas modifier ses taux d’intérêt, les maintenant entre 4,25 % et 4,5 %. Cependant, les projections économiques ont été revues à la baisse :
La croissance est désormais attendue à 1,7 % au lieu de 2,1 %.
Le taux de chômage pourrait atteindre 4,4 %, contre 4,1 % actuellement.
L’inflation devrait s’établir à 2,8 % au lieu des 2,5 % prévus initialement.
Le président de la Fed, Jay Powell, a insisté sur l’incertitude créée par les politiques économiques en place, notamment les hausses de droits de douane et les expulsions d’immigrés. Ces mesures influencent directement l’inflation et la confiance des ménages, qui semblent de plus en plus pessimistes quant à l’avenir économique du pays.
Des indicateurs économiques contrastés
Les chiffres récents reflètent une économie en demi-teinte :
- La production manufacturière a progressé de 0,9 % en février, portée par l’industrie automobile.
- En revanche, les ventes au détail n’ont augmenté que de 0,2 %, après une baisse marquée de 1,2 % en janvier.
- L’indice industriel de la Fed de New York s’effondre à –20, signalant des difficultés croissantes pour le secteur.
Les petites et moyennes entreprises (PME) apparaissent comme les plus fragilisées par la hausse des droits de douane, n’ayant pas les marges de manœuvre financières des grandes entreprises pour absorber ces coûts. Deux tiers des chefs d’entreprises interrogés y sont opposés, et seule une minorité (8 %) pense pouvoir en tirer un bénéfice.
Des craintes croissantes sur l’emploi
Le marché du travail soulève aussi des inquiétudes. 66 % des consommateurs pensent que le chômage augmentera dans l’année à venir, un niveau record en dix ans.
Les créations d’emplois sont concentrées dans les services de santé et les administrations publiques, tandis que le secteur privé (hors santé) semble stagnant, ce qui alimente les craintes d’une « récession invisible » dans certaines industries.
Tensions autour des droits de douane sur le vin et les alcools européens
L’annonce de droits de douane de 200 % sur les vins et alcools européens, en réponse aux droits européens de 50 % sur le bourbon, a provoqué une vive réaction du secteur.
La U.S. Wine Trade Alliance alerte sur l’impact de cette mesure : 4,5 milliards de dollars d’importations concernées et 25 milliards de revenus menacés pour les acteurs du marché (importateurs, détaillants, restaurants).
Le Wine Institute californien s’inquiète également des répercussions pour toute la filière viticole, de la production à la distribution.
Si ces taxes sont mises en place dès le 2 avril, de nombreuses entreprises pourraient être contraintes de cesser leurs activités, rappelant les effets néfastes des droits de douane de 25 % instaurés en 2019.
Vers une instabilité institutionnelle ?
Enfin, une crise institutionnelle pourrait émerger. Après avoir mis fin aux mandats de deux commissaires démocrates de la Federal Trade Commission, le président américain pourrait s’attaquer aux gouverneurs de la Fed, dont les mandats sont pourtant protégés par une durée de 14 ans. Une éventuelle décision de la Cour suprême sur cette question pourrait modifier l’équilibre des institutions économiques du pays.
Entre incertitudes monétaires, craintes pour l’emploi et tensions commerciales, l’économie américaine semble engagée dans une période de fortes turbulences. La suite dépendra des décisions politiques à venir et de l’évolution de la confiance des acteurs économiques.